samedi 9 janvier 2016

Bienvenue dans notre "meute" Vasco !

Pourquoi avoir choisi Vasco ? Pourquoi adopter un chien de presque 10 ans (le 30 mars prochain) alors qu’un tas de chiens plus jeunes sont disponibles ? Je serais tentée de dire que je n’ai pas choisi... Ce chien « plus tout jeune », mais qui a encore l’allure et le tempérament d’un jeune homme…) avait peu de chances de retrouver un foyer. C’est pour cette raison qu’il m’a semblé évident de tenter l’expérience de l’adoption avec lui, plutôt qu’avec un jeune qui a toutes ses chances de trouver de nouveaux maîtres.



Pour tout vous dire, j’ai tellement adoré mon couple de weimaraners, aimé cette relation fusionnelle, empathique, que je pensais reprendre un chiot weim l’été prochain, avec le projet de retisser ce lien si fort et si particulier. Disparus à un an d’intervalle, à respectivement 16 ans et 12 ans ½, Newton et Saïan avaient laissé une plaie mal refermée. Aussi, pour ne pas être tentée de comparer le nouveau venu aux précédents, mon mari me conseilla prudemment d’essayer une autre race.
Me prit alors l’idée de visiter le site du Dalmatien Club Français. J’y découvrais des chiots craquants, mais aussi des chiens adultes à replacer. Parmi eux, Vasco le magnifique, abandonné du jour au lendemain dans un refuge pour des raisons que seuls connaissent ses anciens propriétaires. Pour ce chien de compagnie parfaitement éduqué, équilibré, sociable, affectueux, être ainsi brutalement arraché à son foyer a sans nul doute été un choc terrible puisque depuis 3 mois, en dépit de l’attention et des efforts déployés par le personnel du refuge, Vasco dépérissait, devenait triste, grognon même, guettant désespérément le retour de ses anciens maîtres.

C’est cela qui m’a touchée. Je ne pouvais pas laisser plus longtemps Vasco dans un refuge alors que je rêvais de reprendre un chien. Jeune ou vieux, cela n’importait plus. Ce chien vieillissant avait besoin de moi. C’est ainsi que mon histoire avec Vasco a commencé.
Bien que présenté comme « gentil », « sociable », mais « dominant avec les mâles »... la crainte de devoir en passer par une phase de re-sociabilisation avec un animal peut-être traumatisé, et qui supportait si mal la vie en refuge, pouvait me faire hésiter. Mais la perspective de partager une nouvelle complicité canine, ma confiance aussi dans les professionnels désireux de donner à Vasco un foyer “compatible”, balayèrent vite mes doutes. Par bonheur, le premier contact avec lui fut excellent.

Nous avons donc ramené un Vasco un peu stressé et timide à la maison. Hyper calin aussi. Réconforté par les caresses et nos encouragements, il se montra –une fois avalée sa première gamelle et testé son confortable panier- curieux de découvrir son nouvel environnement. Plein de bonne volonté (tout comme nous adoptants novices, mais amis expérimentés des grands chiens) Vasco s’est intégré à une vitesse étonnante à sa nouvelle famille. Avec une confiance et une gentillesse bouleversantes. Avec de plus en plus d’assurance aussi. Au soir du 2ème jour, il annonçait déjà aux chats du quartier qu’ils étaient désormais personæ non gratæ sur son nouveau territoire…

J’ignore à quoi ressemblait le Vasco d’hier, mais celui que je connais aujourd’hui est une boule d’énergie et de tendresse, joyeux, attentif, empathique, doux, incroyablement attachant et déjà très attaché à sa nouvelle maîtresse. Nul besoin de rapports de force, de période de “rééducation”. Nous aurions accepté cette phase si nécessaire, sachant qu’un chien peut être rééduqué à n’importe quel âge. C’est aussi ça le bon côté du chien : il vit dans l’instant… Rien d’autre pour lui ne compte que le moment présent, aussi s’adapte-t-il rapidement au comportement des humains qui en ont la garde… pourvu qu'ils sachent faire preuve de patience, de calme, de douceur, de fermeté et de pédagogie.




Si Vasco a été abandonné dans un refuge après toutes ces années, quelles chances ont donc les autres : les trop vieux, les trop laids, les trop agités, les trop asociaux, les trop mal élevés… ? Aucune, je présume. Je sais maintenant que l’abandon de Vasco n’avait « rien de personnel ». Un chien devient parfois « encombrant », tout simplement. Cyniquement.

Au-delà du désir de donner une nouvelle chance et beaucoup d’amour à un animal en situation de détresse, les adoptants sont parfois confrontés à des difficultés. Pour certains, ce sera un long chemin pour restaurer la confiance avec un animal au passé tourmenté ou douloureux. Les reprendre en mains, leur redonner confiance, n’est pas toujours chose aisée, mais les comportementalistes et les éducateurs canins sont aussi là pour aider les adoptants motivés. Ce travail, cette métamorphose pour certains chiens qui reviennent de loin, renforcent plus encore l’attachement réciproque. Les responsables des refuges sérieux ont l’habitude de placer les bons chiens dans les bonnes familles, en tenant compte des contraintes et des limites des adoptants. Heureusement, l'adoption est souvent le rétablissement d’un équilibre, tout simplement, le temps que l'inquiétude mutuelle des premiers temps fasse bientôt place à la confiance.

Un chien est un être sensible, avec des émotions, un caractère parfois bien trempé qui nécessite un minimum d’attention, de temps, de discipline et d’exercice et, bien sûr, énormément d’affection. À chacun sa façon de tisser les liens. Et ces liens, cette confiance et cette sécurité retrouvées, contribueront à ce nouvel équilibre et permettront d’avoir plaisir à vivre ensemble dans la sérénité. Tant de chiens attendent de retrouver la chaleur d’un foyer. N’en doutez pas : l’adoption est une belle aventure, quel que soit l’âge du chien. C'est aussi un acte mûrement réfléchi : un chien, c’est une vraie responsabilité. C’est à la vie, à la mort...

Nos destins se sont croisés, alors bienvenue dans notre « meute » mon Vasco, et longue vie !

Véronique Anger-de Friberg,

propriétaire comblée de Vasco, adopté le 7 janvier 2014